Vêtue de Blanc

 

Ils étaient tous assis dans un jardin, sous les branches d'un noyer et tout était paix en ce lieu. Le soleil partait derrière les montagnes et une légère pénombre s'emparait de l'air.

Un enfant lui demanda:

« Maître parle-nous de la joie. »

Il le regarda avec douceur, dévisagea chacun de ceux qui étaient là, puis parla d'une voix douce comme la brise qui monte du fond des ravins.

« Il a été dit: « La Joie est la source de la jeunesse ». Mais j'ajouterai: « Elle est l'eau qui alimente sa racine, nettoie ses feuilles et la fait grandir en bonne santé, comme le fait le figuier dans une bonne terre. »

Remarquez que la joie n'est ni le rire, ni la diversion, ni la fête.

La joie est toujours vêtue de blanc et lorsqu'elle se montre à notre bouche, elle est simple sourire qui emplit les coeurs et dilue la tristesse.

Lorsqu'elle se penche sur nos yeux, elle traîne presque toujours des larmes, non de peine mais de joie.

Quand elle nous vient aux mains, celle-ci voudraient que leurs doigts deviennent des plumes pour pouvoir voler jusqu'à l'horizon du rêve où nous sommes tous Un.

Si elle emplit notre poitrine, elle s'enflamme comme un espoir ailé ou une quiétude suspendue.

Lorsque soeur Joie viendra jusqu'à vous, ouvrez-lui votre coeur afin qu'elle s'y asseoit car elle fera rêver vos jours et vos nuits.

Sa lumière dissipera l'obscurité qui sème les doutes et son parfum changera l'odeur de l'égoïsme et de la vanité.

Chantez donc, mes frères, pour que la Joie demeure à toujours dans toutes les poitrines, qu'elle chante toutes les bouches et regarde dans tous les yeux, se donnant dans toutes les mains. Demandons qu'elle revienne sur Terre de la main de l'Amour et de la Paix. »

Cayetano Arroyo de Flores « Dialogues avec Abul-Beka » Amrita